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Ces trois volumes d’Œuvres, soit devenues inaccessibles au public français depuis presque vingt ans, soit, pour un tiers d’entre elles, tout à fait inédites, ont pour ambition de débarrasser Benjamin des mythes qui l’entourent, de le donner à lire, de le faire entendre. Trois grands thèmes irriguent l’œuvre de Walter Benjamin, s’entraînent, se recoupent, se recouvrent, sinon au fil des ans se contredisent : une philosophie du langage, d’abord, une philosophie de l’art, une philosophie de l’histoire. Trois préoccupations qui définissent le rapport de Benjamin à la tradition, son souci de restituer ce que cette dernière a refoulé, parfois éradiqué. Quel que soit le domaine auquel il s’arrête, il entend toujours dénoncer l’illusion de la continuité, l’oubli des ruptures décisives, des interruptions libératrices. Restituer la vision des «vaincus», des défaits de la tradition, est à ses yeux vital pour le destin de la liberté. Le parti ici pris de rassembler des Œuvres de Walter Benjamin dans leur strict ordre chronologique, sans regroupement thématique ni périodique, vise à faire apparaître les avancées comme les impasses d’une œuvre sans égal, parce qu’inclassable.
Walter Bendix Schönflies Benjamin est un philosophe, critique littéraire, critique d’art et traducteur allemand. Né de parents juifs, son père est banquier, puis antiquaire. Il passe son enfance à Berlin, mais, pour des raisons de santé, il effectue de 1904 à 1907 un séjour à la campagne, à Haubinda, en Thuringe. En 1912, il voyage en Italie et s’inscrit à l’Université à Berlin et à Fribourg-en-Brisgau pour étudier la philosophie. Il se fiance et commence la traduction des “Tableaux parisiens” de Charles Baudelaire. En 1917, il est mobilisé mais parvient à se procurer un certificat médical qui retarde son incorporation. Il se marie avec Dora Pollack, et passe quelque temps avec elle au sanatorium de Dachau, puis en Suisse. Il s’inscrit à l’Université de Berne où il commence une thèse sur la critique d’art à l’époque romantique. En 1918, il a un fils, Stephan, il achève la rédaction de sa thèse, soutenue à l’Université de Berne, et poursuit ses traductions de Baudelaire. En 1919, il rencontre Ernst Bloch. En 1920 il déménage à Berlin avec son fils et sa femme dont il se sépare l’année suivante. En 1922, à Heidelberg, il s’efforce d’obtenir une habilitation lui permettant d’enseigner à l’université. En 1926, il séjourne en France, à Paris et dans le Var, ainsi qu’à Monaco. Il traduit Proust. En 1933, il émigre à Paris, et essaie de quitter l’Europe pour les États-Unis en 1940. En juin 1940, il est enfermé au camp de Vernuche près de Nevers, puis libéré grâce à ses amis intellectuels. Avant l’entrée de l’armée allemande dans Paris, Benjamin quitte la capitale et se rend à Lourdes. De là, il part à Marseille puis à Port-Vendres le 25 septembre 1940 avec l’intention de fuir en Espagne. Le 26 septembre 1940, la nuit de son arrivée en Espagne, Walter Benjamin se suicide en absorbant une dose mortelle de morphine. Bien que sa dépouille n’ait jamais été retrouvée, un monument funéraire lui est dédié au cimetière de Portbou.
Sa pensée a largement été redécouverte, explorée et commentée à partir des années 1950, avec la publication de nombreux textes inédits et de sa correspondance.