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La Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent, les masques tombent. Le récit qui porte ce titre est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits ; les effets en sont soulignés à l’encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C’est l’histoire, «excessivement répugnante», dit l’auteur, d’un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s’inflige. Et son personnage est celui qui ne peut plus aimer, ni être aimé : le conflit qui se déroule dans une famille bourgeoise prend une ampleur mythique. Seuls quelques éléments comiques ou grotesques permettent de libérer de l’oppression du cauchemar.
Franz Kafka est un écrivain tchèque de langue allemande. Fils d’une famille juive, Kafka connaît une enfance assez solitaire. Il a des relations difficiles avec son père autoritaire – qui lui inculque une éducation stricte – et distantes avec sa mère. Après une tentative avortée d’études littéraires, Kafka étudie le droit à l’Université de Prague, ainsi que la germanistique et l’histoire de l’art. Il est reçu docteur en droit en 1906, et fait des stages chez un oncle avocat puis dans deux tribunaux de Prague. En 1902, Kafka fréquente les cercles littéraires et y rencontre Hugo Bergmann, Oskar Pollak et Max Brod qui devient l’un de ses amis les plus proches. En 1909, il publie ses premiers écrits dans le magazine Hyperion et commence la rédaction de son “Journal”. C’est après avoir démissionné de son emploi dans une compagnie d’assurance commerciale que Kafka peut travailler sur ses écrits. Cependant, il travaille en Bohême pour une autre assurance jusqu’à sa retraite prématurée en 1922. Il organise son emploi du temps pour écrire, surtout la nuit. C’est ainsi que peut paraître “Le Verdict”. De 1910 à 1911, il effectue des voyages avec Max Brod à Berlin, à Paris et en Italie et entame la rédaction commune d’un roman “Richard et Samuel “. En 1912, il rédige “La métamorphose” qui est publiée trois ans après. Il écrivit durant ces années-là ces célèbres romans “Le Procès” et “Le Château”. Kafka entretient des relations compliquées avec les femmes. Plusieurs fois fiancé, d’abord avec Felice Bauer de 1912 à 1917, puis dès 1919, avec Julie Wohryzeck (il rédige la “Lettre au père” suite à la rupture de ses fiançailles avec elle), il vit une relation intense avec une journaliste et écrivain anarchiste tchèque, Milena Jesenska avec qui il tient une correspondance très riche (“Lettres à Milena”). C’est lors d’un séjour à Berlin en 1923 qu’il rencontre Dora Diamant, qui l’accompagne jusqu’à sa mort. La santé de Kafka est mauvaise, et il est atteint de tuberculose dès 1917. De plus, il est souvent hypocondriaque, voire dépressif et atteint de phobie sociale. Brod le fait venir à Prague en 1924, avec une tuberculose du larynx. Il est admis au sanatorium de Kierling, près de Vienne, où il meurt à l’âge de 40 ans. Il laisse une œuvre vaste dont de grands romans qui seront publiés à titre posthume grâce à Max Brod, qui n’a pas écouté les demandes de l’écrivain, consistant à brûler tous ses textes.