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La sculpture est la seule forme d’art plastique que l’on puisse apprécier les yeux fermés. Elle suppose le toucher, éveille le désir irrépressible de caresser, d’effleurer ce qui se présentent sous nos yeux, d’en éprouver la texture, de dessiner les courbes à notre tour, cherchant ainsi le chemin emprunté à l’origine par l’artiste. Dans la sculpture, tout est affaire de corps, de chair, de désir. La quête même d’un désir primal, instinctif, l’envie enfantine de plonger ses mains dans la terre jusqu’au coude, de la malaxer, puis de l’animer.
Le travail technique est aussi important que l’acte de conception et de création. Il élude tout hasard, le ciseau du sculpteur ne pouvant se permettre de rater sa cible. Le sculpteur doit se soumettre à la loi de la matière pour ensuite tenter de lui supplanter la sienne. Quel est donc cet acte de sorcellerie qui donne vie à l’inanimé ? Quel est donc ce regard intérieur si singulier qui exige de se représenter une forme avant même qu’elle n’existe ? Les écrivains ont tenté d’approcher cette énigme, de s’en saisir en suivant les mouvements qu’impose l’observation d’une statue.
Les textes choisis ici abordent les facettes multiples de ce mystère : tant la plongée dans la sensualité de la technique que la force des émotions suscitées par les oeuvres, ou encore les témoignages des artistes eux-mêmes.