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Dmitri, Ivan et Alexeï, trois êtres que tout sépare, partagent un même père, et avec lui une honte indicible : honte de l’origine, de la naissance… Honte d’exister, qui précipite Dimitri dans l’alcool et les excès de son père et assigne Ivan à une résignation désabusée. Alors que la propagation de l’athéisme plonge le peuple russe dans un doute existentiel, Fiodor Pavlovich, le père de la fratrie, incarne ce désarroi d’une dévotion en souffrance d’idole. Condamné à une existence au second degré, il s’affirme comme une parodie de lui-même. La disparition de Dieu n’a balayé ni la peine ni la culpabilité, mais laissé insatiable la faim d’être pardonné : faute de rédemption, Fiodor mène l’existence dérisoire d’un bouffon et ne récolte que la haine de ses fils. Seul le cadet Alexeï ouvre, confiant, le chemin vers une existence vivable, en opposant au règne généralisé de la honte la ferveur de l’homme simple. Exprimant les craintes ineffables qui nous agitent, Dostoïevski trouve une ultime consolation dans la fièvre des mots échangés et l’ivresse dangereuse des aveux murmurés.
Fédor (Fiodor) Mikhaïlovitch Dostoïevski (en russe : Фёдор Михайлович Достоевский) est un écrivain russe, généralement considéré comme l’un des plus grands romanciers russes. Après une enfance difficile auprès d’un père alcoolique et violent, il fréquente une école d’officiers et se lie avec les mouvements progressistes russes. Arrêté pour cette raison en 1849, il est déporté dans un bagne de Sibérie. En 1854, Dostoïevski quitte le bagne et est incorporé comme simple soldat dans un régiment sibérien, à Semipalatinsk. Un an après, il est promu officier, et sa vie devient supportable ; on lui permet d’écrire, de recevoir des lettres et de reprendre ses activités littéraires. Il faut attendre 1860 pour que Dostoïevski obtienne la permission de s’établir à Saint-Pétersbourg et la liberté complète d’écrire. Il se remet à écrire avec passion et publie dans la revue le Temps, puis dans l’Époque, qu’il dirige avec son frère Mikhaïl, “Humiliés et offensés” (1861), les “Souvenirs de la maison des morts” (1861-1862) et un grand nombre d’articles, d’inspiration slavophile, imprégnés d’une sorte de populisme mystique : les “Notes d’hiver sur des impressions d’été” (1863), en condamnant la civilisation occidentale, jugée bourgeoise, matérialiste et impie, veulent rappeler au peuple russe le sens de sa mission. Et puis vient le temps des chefs-d’œuvre : “Notes d’un souterrain” (1864), “Crime et Châtiment” (1866), “Le Joueur” (1866), “L’Idiot” (publié dans le Messager russe en 1868-1869), “L’Éternel Mari” (publié dans l’Aurore en 1870), “Les Démons” (publiés dans le Messager russe en 1871-1872), “Journal d’un écrivain”, “L’Adolescent “(publié dans les Annales patriotiques en 1875), “Les Frères Karamazov” (1879-1880) Mais dans quels tourments, dans quelle détresse matérielle et morale ces romans sont-ils conçus ! Épileptique, joueur couvert de dettes et d’un caractère sombre, Dostoïevski mena d’abord une vie d’errance en Europe, au cours de laquelle il devient un fervent libéral pour son pays et surtout un patriote convaincu.