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«On s’ennuie de tout, mon ange, c’est une loi de la nature ; ce n’est pas ma faute. Si donc, je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute. Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute. […] Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute. […] Crois-moi, choisis un autre amant, comme j’ai fait une autre maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute. Adieu, mon ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.»
Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos, est un général et écrivain français. Il est admis en 1760 à l’École royale d’artillerie de La Fère. Il est nommé successivement sous-lieutenant en 1761, puis lieutenant en second en 1762. Il devient franc-maçon dans la loge L’Union, à Strasbourg de 1765 à 1769, à Grenoble de 1769 à 1775, puis à Besançon de 1775 à 1776. Cette année-là, affilié à la loge parisienne Henri IV, il en devient le Vénérable Maître. Parvenu dans les Hauts grades de la franc-maçonnerie, il crée son propre chapitre, la Candeur. Nommé capitaine à l’ancienneté en 1771 – il le reste durant dix-sept ans jusqu’à la veille de la Révolution. Pendant ses nombreux temps libres, il écrit. D’abord un opéra-comique intitulé “Ernestine” sans gloire. En 1777, il reçoit la mission d’installer une nouvelle école d’artillerie à Valence qui reçoit notamment le jeune Napoléon Bonaparte. De retour à Besançon en 1778, il est promu capitaine en second de sapeurs. En 1778, il commence à rédiger son chef-d’œuvre “Les Liaisons dangereuses”. En 1781, promu capitaine-commandant de canonniers, il obtient une nouvelle permission de six mois, au cours de laquelle il achève son chef-d’œuvre. Il confie à l’éditeur Durand Neveu la tâche de le publier en quatre volumes qui sont proposés à la vente le 23 mars 1782. En 1788, il quitte l’armée. Après une période de recherche personnelle du meilleur moyen de favoriser son ambition et diverses tentatives pour approcher un grand seigneur, il entre au service du duc d’Orléans dont il partage les idées sur l’évolution de la royauté. Pendant la Révolution, il a plusieurs rôles importants, s’inscrivant au Club des Jacobins en 1790. Finalement, il fait la connaissance du jeune général Napoléon Bonaparte, le nouveau Premier Consul et se rallie aux idées bonapartistes. Le 16 janvier 1800, il est réintégré comme général de brigade d’artillerie et affecté à l’Armée du Rhin, où il reçoit le baptême du feu à la bataille de Biberach. Affaibli par la dysenterie et le paludisme, il meurt à Tarente et est enterré sur place.