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“Les mots français que j’entends ma mère prononcer le plus souvent sont cholestérol et contrariété. Je m’étonne qu’une femme ayant tant de mal à amadouer sa langue d’adoption puisse connaître deux termes selon moi si savants. Contrariété l’emporte de loin. Elle finit par se l’approprier comme s’il la débarrassait du devoir d’aller mieux, et qu’une fois prononcé, rien ne l’obligeait à développer, tout était dit, contrariété.Les soirs où l’affrontement avec son mari devient inévitable, elle assène le mot ruine, en italien, c’est la note la plus aiguë de son lamento, la rouiiiina, dont le sens est sans équivoque : c’est l’émigration, le départ maudit, la faute originelle, la source de tous ses maux, la contrariété suprême.”En 1954, la famille Benacquista quitte l’Italie pour s’installer en banlieue parisienne. Les parents, Cesare et Elena, connaîtront le sort des déracinés. Dans ce bouleversant récit des origines, leur petit dernier, Tonino, restitue avec fantaisie cette geste. Il raconte aussi les batailles qui ont jalonné sa conquête de la langue française.Avec Porca miseria, Tonino Benacquista trace la lumineuse trajectoire d’un autodidacte que l’écriture a sauvé des affres du réel.
Issu d’une famille d’émigrés italiens de Broccostella installée à Vitry-sur-Seine, il étudie au lycée Romain Rolland à Ivry. Après avoir interrompu ses études de littérature et de cinéma, il enchaîne plusieurs petits boulots dont il se sert comme source d’inspiration pour ses premiers romans, résolument noirs : accompagnateur de nuit aux Wagons-lits (“La Maldonne des sleepings”, 1989), accrocheur de toiles dans une galerie d’art contemporain (“Trois carrés rouges sur fond noir”, 1990) ou parasite mondain (“Les Morsures de l’aube”, 1992). Mais c’est grâce à “La Commedia des ratés” publié en 1991, et qui rafle trois prix littéraires la même année, que Benacquista se fait plus largement connaître du grand public. Profitant de sa nouvelle notoriété, Benacquista se diversifie et multiplie les projets : une BD avec Jacques Ferrandez (“L’Outremangeur”, adaptée au cinéma en 2002), des scénarios pour la TV (un épisode de Puissance 4 sur France 3), une pièce de théâtre (Le Contrat)… Parallèlement, Benacquista fait son entrée dans le monde du cinéma. La consécration arrive en 2001 avec l’adaptation sur grand écran des Morsures de l’aube réalisé par Antoine de Caunes. La même année, il co-écrit avec Jacques Audiard le scénario de Sur mes lèvres, César du meilleur scénario quelques mois plus tard. En 2001, Benacquista publie Quelqu’un d’autre, l’histoire de deux quadragénaires en quête d’identité qui, à la suite d’un pari, se donnent 3 ans pour changer de vie et devenir celui qu’ils ont toujours rêvé d’être. Nouveau succès critique et public. Sorti la même année Tout à l’égo, un recueil de nouvelles, connaîtra le même destin. La nouvelle qui ouvre le livre, La Boîte noire, est adaptée au cinéma en 2004 par Richard Berry. Malavita, sorti en 2004, est l’occasion d’un retour au genre Noir, non sans humour. Le roman raconte les aventures d’une famille de mafieux new-yorkaise contrainte de s’installer en Normandie suite au repentir du père dont la tête est mise à prix. La « Malavita » est un des noms donné à la Mafia en Italie. La même année, il cosigne le scénario de De battre mon cœur s’est arrêté de son ami Jacques Audiard. Inspiré de Mélodie pour un tueur (Fingers) de James Toback (ce n’est pas à proprement parler un « remake »), le film remporte de nombreux César en 2006, dont celui du meilleur film et celui de la meilleure adaptation.