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«Qu’ai-je donc fait pour souffrir si longtemps? – Eh! malheureux, ce que tu as fait? Ne le vois-tu donc pas? Tu vis trop.» Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814) passa vingt-sept ans de sa vie en prison ou en asile d’aliénés. Écrivain, romancier, philosophe, homme politique, on ne retint longtemps de lui qu’un cortège de rumeurs et une liste d’ouvrages clandestins pour la plupart introuvables. Entrée depuis 1990 dans la Pléiade, son œuvre est aujourd’hui en livre de poche, et tout un chacun peut lire Les Cent Vingt Journées de Sodome, La Philosophie dans le boudoir ou La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu. Mais Sade n’en reste pas moins un objet constant d’études et de questionnements. En 1818, un chirurgien, nourri de phrénologie, avait examiné son crâne. Entre surprise et déception, il en avait conclu que ce dernier «était en tous points semblable à celui d’un père de l’Église». Sade ne serait-il donc qu’un homme? Telle est la question.
Diplômée en Lettres Modernes à l’École Normale Supérieure de Lyon (1995-1999), Stéphanie Genand est Maître de conférences en littérature française du XVIIIe siècle à l’Université de Rouen depuis 2007. Elle est Présidente de la Société des études staëliennes depuis 2015.